Descente au Sénégal

Extrait du carnet de voyages de février 2008

La vie nous réserve des surprises. Ou plutôt non ! C’est nous qui provoquons les surprises. Je suis parti, pendant mon rêve, vers une autre étoile, vers un autre monde …

 

Les aventures de Néva

Merci à Roma et Babar qui m’ont vendu leur vielle R21 Break Nevada pour pas cher. Ils étaient tout de même un peu inquiets de me voir la charger avec mes trois grosses malles, deux vélos, un panneau solaire, deux matelas et tout un tat de bazar bien callé pour laisser un peu de place aux trois voyageurs rencontrés sur Internet que j’embarque avec leurs gros sac à dos !

Grand départ de Normandie le 24 janvier 2008. Un peu avant Paris, à un feu rouge, sous une pluie battante, sans prévenir, une épaisse fumée blanche sort du moteur !! Il reste environ 4930 km avant d’arriver …Mes connaissances poussées en mécanique me fond dire que je ne vois pas du tout ce que c’est ! Une chose est claire : la réserve du liquide de refroidissement à diminuée de moitié. Comme je suis très ordonné, je sais exactement où est le bidon de liquide de refroidissement : au fond de la grande malle rouge qui est bloquée par une autres malle elle-même derrière le gros carton sur lequel la guitare permet de maintenir la caisse de vaisselle qui chevauche le bidon d’essence de 20L. C’est facile : il suffit simplement de vider le coffre sur un trottoir de St Denis à 19h37, de rajouter de l’eau au moteur et de repartir … confiant !

Jusqu’en Espagne, cette petite mésaventure se reproduisit dès que Neva (c’est le nom de ma voiture) se trouva prise dans un embouteillage ou lors de manœuvres trop longues. Il suffit de le savoir et d’éviter les embouteillages. Ce n’est qu’au sud du Maroc, après avoir franchie les montagnes du Rift, de l’Atlas et du moyen Atlas que notre ami Majhoub répare la durite percée avec une chambre à air et du fil de fer.

 

Avant la traversé du désert, je passe tout de même chez un garagiste pour une révision générale. Arrivé sans rendez vous au garage à 9h30. Explication de la situation au chef. Le chef claque des doigts et deux apprentis ouvre le capot et commence une vérification minutieuse. Réparation d’un tuyau d’air percé, fixation d’une durite qui pend, mise à niveau d’huile, regonflage des pneus … Le chef écoute le bruit du moteur : « C’est du bon véhicule ça ». 9h45 : « ça fait 35 Dirham (3,5€) s’il vous plait ». J’adore les garages marocains.

 

Pendant quatre jours le goudron défile en ligne infinie. A droite l’océan, à gauche le désert. Néva avance bien, imperturbable devant la beauté, la solitude et l’étrangeté du Sahara …

 

Frontière mauritano-sénégalaise. Tout véhicule de plus de 5 ans ne peut pas entrer sur le territoire sénégalais. Une heure plus tard, je coupe le moteur de Néva au milieu de mon village sénégalais sous les cris de joie des enfants et le sourire des femmes.

 

Pendant 3 semaines Néva m’aide tranquillement à construire ma case. Transport des 15 sacs de 50 kg de ciment, des barres de fer, des poutres en bois de cocotier, des ballots de paille pour le toit, du fût et des 11 bidons remplis d’eau, des jeunes du village qui vont au collège, des fenêtres et de la porte, de la brouette et des autres outils que j’achète à St louis … Sans compter les nombreux ensablements, une connexion du circuit de refroidissement qui pète, qui est réparée à la colle et au fil de fer et de nouveau Néva chargée de 7 passagers saluant les flics qui après 15 jours de contrôle ne nous arrêtent plus car ils nous connaissent enfin !!

Finalement elle est très bien cette voiture !

 

Quand j’entre dans un pays avec Néva, on le marque sur mon passeport. Si je veux la laisser dans ce pays (chose interdite) je dois trouver un moyen pour que l’on marque sur mon passeport que je suis sorti du pays avec Néva. La Mauritanie est un espace où la loi se gère localement en fonction de tes connaissances, de l’humeur de la personne qui possède le tampon, de l’argent que tu as dans ta poche … Je sors du Sénégal avec Néva tout à fait légalement et je séjourne tout à fait clandestinement en Mauritanie pendant 4h de temps (C'est-à-dire que ce séjour en Mauritanien n’apparait nulle part sur mon passeport) Le temps de remettre les clés de Néva à un homme que je vois pour la première fois, de manger un bon plat de viande de chameau avec les douaniers et de regarder une émission sur TV5 Monde allongé sur le lit du chef douanier !! Tout ça pour 0 Fcfa, et on m’a même ramené au village en voiture !

 

Et la santé ?

Mardi 29 janvier 2007. Epuisé du travail que Gaët nous fait faire depuis 3 jours dans son domaine agricole en Lozère, je tape sans force sur un gros caillou pour le caller face au poteau maintenant la clôture que l’on est en train de rénover. Un éclat vole jusqu’à mon yeux droit : je vois trouble … Demain c’est le grand départ, seul avec Néva, jusque Narbonne pour réceptionner mes passagers. Le matin au réveil, mon portable tombe du lit … et je vois toujours floue. L’esprit funcky, je pars. Impossible de dire un dernier au revoir par téléphone avant la frontière espagnol où un gendarme nous arrête et demande : « Est-ce que vous êtes des terroristes ? »

 

Lundi 10 mars 2008, les poules commencent leur cirque sur le toit en tôle de la maison de Khalilou. Je me lève et constate trois piqûres sur mon avant bras gauche. Ma prévoyance en matière de santé me fait percer les boutons rempli de pu, sans me laver les mains ni désinfecter … [Attention, ceci est de l’anti sensibilisation. Il faut faire le contraire de ce que j’ai fait. Merci] Trois jours plus tard, le plus gros bouton à triplé de volume, je ne peu plus plier mon bras et la douleur remonte jusqu’à l’épaule. Aujourd’hui, Ham Doulillah tout va bien …

 

Le grand Mangal de Touba

Touba. Ville sainte où se déroule le grand Mangal annuel. Des pèlerins de tout le Sénégal et de toute l’Afrique se rassemblement dans la ville bâtie par Cheik Ahmadou Bamba. Le père fondateur de la confrèrerie des mourites, une des branches de l’islam, prônait le travail et l’entre aide. Sur plus de 100 km avant l’entré en ville les voitures tentent de doubler les bus surchargés. En sens inverse, les chauffeurs de taxis brousse et de bus repartent vide, sans avoir fait de pause. En ville on roule au pas, intoxiqué par les vieux véhicules crachant des fumées noires. Les axes menant au cœur de la ville sont inondés de charrettes tirées par des chevaux. Une dizaine de personnes se tiennent sur la charrette qui tente d’avancer dans les embouteillages. Quand deux charrettes se touchent provoquant la chute d’un passager ou des dégâts matériels plus ou moins grave, c’est l’engueulade généralisé …

 

De nuit, on aperçoit au loin le sommet du minaret de la grande mosquée qui brille du haut de ces 90 mètres ! Cette mosquée est immense, apaisante, envoutante … Allah Akbar. Les rues entourant ce symbole de la puissance de la religion, sont envahies de commerçants qui ont déposés leurs marchandises à même le sol et qui crient inlassablement des prix au rabais : « jeans 2000, jeans 2000, jeans 200 », « montre 300, les 2, 500 » … L’ambiance hallucinante me fait tourner la tête. On trouve de tout, surtout une multitude de produits fabriqués en Chine qui se retrouveront à la poubelle dans moins d’un mois ! Beaucoup de gens se déplace en chaussette dans la poussière des rues jonchées de plastiques. C’est tout simplement pour ne pas avoir à retirer continuellement leurs chaussures quand ils entrent dans les maisons ou les mosquées.

 

Chaque Marabout accueille ses amis et les amis de ses amis. Pendant le Mangal, à Touba, tout le monde mange à sa faim, chacun peut entrer dans une maison pour manger … Après un déjeuner à ne plus pouvoir se lever de natte, on rentre chez notre Marabout en fin de journée. Notre déjeuner nous est servi 2 heures avant qu’on apporte le diner ! Il faut bien le finir se zébu qu’on a égorgé le matin devant la maison.

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